« C’est la dose qui fait le poison ».
Ainsi, quelques grammes d'if peuvent tuer un cheval alors que pour d'autres poisons, les symptômes se manifestent après une consommation prolongée.
En France, une dizaine d’espèces prédominent : prêles, fougères, colchique, if, millepertuis, cytise, robinier et renoncule. Cependant, de nombreuses autres plantes peuvent se révéler nuisibles pour le cheval. Les intoxications les plus fréquentes sont liées à l’ingestion de robinier, d’if ou de laurier rose.
A l’état sauvage, le cheval ne consomme pas de plantes toxiques à l’état frais sauf en cas de disette. On observe donc parfois des intoxications en cours d’été (d’autant plus en cas de sécheresse…) ou à l’automne quand les ressources alimentaires des prairies diminuent. Le sud de la France semble ainsi plus à risque que le nord en raison de facteurs climatiques et de la présence de quelques plantes à risques pour les équidés. C'est le cas pour les plantes comme le datura, séneçon, porcelle enracinée, laurier cerise et laurier rose. Attention : cette liste de plantes toxiques n’est pas exhaustive !
Le cheval domestiqué s’intoxique parfois comme s’il avait «oublié» que certaines plantes étaient non comestibles, mais se trouve parfois également dupé par :
La mise à disposition de surface restreintes (pré, paddock) où la densité d’espèces dangereuses augmente avec le surpâturage
Des traitements des prairies qui modifient l’appétence de certaines plantes toxiques
Un changement de région géographique
Une contamination du foin qui leur fait consommer des espèces qu’ils auraient boudées sur pied (prêle)
La distribution de déchets de taille de haies, souvent constituées d’espèces toxiques (thuya, if, lauriers, buis)
NB : certaines plantes toxiques fraîches ne le sont plus dans le foin. C'est notamment le cas pour la plupart des renoncules qui ne sont pas consommées dans les pâtures et contiennent une substance toxique, la protoanémonine, qui se dégrade à la dessiccation. Il n’est néanmoins pas connu de cas d’intoxication grave avec les renoncules.
Champignons, moisissures et conséquences:
Tout aliment moisi est dangereux pour le cheval. Il risque de provoquer des allergies cutanées, respiratoires (emphysème pulmonaire), oculaires ou digestives, ou des intoxications alimentaires.
Mycotoxicoses
Les mycotoxines sont des composés chimiques toxiques produits par certains champignons. Ces champignons se développent :
Avant la récolte (champignons de terrain)
Après la récolte (champignons de stocks)
Sur les céréales (particulièrement le maïs, mais aussi l’orge, l’avoine…)
Sur les fourrages
Dans des conditions particulières de température, d’humidité et de teneur de l’air en gaz
La toxicité des mycotoxines dépend notamment de la quantité ingérée. On peut observer des symptômes graves d’intoxication aiguë mais aussi une intoxication chronique dont les symptômes les plus fréquents sont l’apparition de désordres respiratoires, perte d’appétit, diarrhées, fatigue générale ou baisse de performance. Le lien de cause à effets est alors plus difficile à faire. Les conséquences sont des coliques, des désordres hépatiques, rénaux et des systèmes immunitaire et nerveux, de l’appareil reproducteur, avec une action cancérigène possible. Le cheval est un animal difficile sur les qualités organoleptiques de sa nourriture. Il est donc préconisé de lui faire confiance s’il refuse un aliment, a fortiori si plusieurs chevaux le refusent. Quelques maladies La myopathie atypique (ou myoglobinurie atypique) est une maladie atteignant les chevaux au pré, particulièrement les jeunes et les vieux chevaux. Selon l'Equine Veterinary Journal (Votion et al 2013), la myopathie atypique est causée par une toxine contenue dans les graines de l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus). La maladie de l’herbe (ou grass sickness) est une maladie neurologique dégénérative dont les causes sont actuellement méconnues. Cette maladie est liée à la consommation d’herbe au patûrage dans des conditions particulières et semble associée à la contamination par une neurotoxine. Le botulisme est provoqué par la contamination de l’équidé par clostridium botulinum. Cette bactérie tellurique anaérobie produit une toxine botulique très puissante, qui s’attaque au système nerveux des animaux infectés.
Comment limiter les risques ?
Fourrages et céréales A l'oeil et à l'odeur, on reconnait aisément un foin moisi d'un foin bien conservé
Optimiser les conditions de récolte
Sélection d’espèces résistantes aux moisissures
Récoltes dans de bonnes conditions écologiques et météorologiques
Stocker le fourrage sur des palettes permet de limiter les remontées d'humidité du sol
Optimiser les conditions de stockage
Nettoyage régulier des installations
Optimisation de la circulation de l’air, ventilation
Stockage des céréales nettoyées en sac polypropylène, à l'abri des rongeurs et de l'humidité
Disposition de palettes sous les fourrages dans les hangars afin d’éviter les remontées d'humidité du sol par capillarité
Eau de boisson Attention à la qualité de l'eau des mares
Les abreuvoirs des chevaux en box sont souvent reliés au réseau d’eau potable. Néanmoins, pour les chevaux d’élevage, l’abreuvement est potentiellement assuré par des puits, forages voire parfois des eaux superficielles (ruisseaux et mares) facilement contaminés. Outre une odeur ou un goût pouvant parfois limiter la consommation d’eau, nitrates, accumulation de métaux lourds, déséquilibre minéral, proliférations microbiennes se produisent parfois et risquent de provoquer des affections plus ou moins graves. Ainsi, toute pathologie non résolue doit conduire à une analyse de l’eau.
La leptospirose, notamment, peut être contractée par les chevaux buvant une eau contaminée.
Et d'autres sources d'intoxications à surveiller
Additifs alimentaires toxiques pour les chevaux : ils peuvent être incorporés par erreur dans des chaînes de fabrication de granulés. En effet, elles sont également souvent utilisées pour produire des aliments destinés à d’autres espèces. Il arrive aussi qu’un aliment pour volailles ou lapins soit distribué par erreur à des chevaux qui ne le tolèrent pas. Le CNEF (Club de Nutrition Equine Français) définit la Charte des bonnes pratiques afin d’écarter ce risque.
Surcharges nutritionnelles en minéraux ou vitamines tels que fer, sélénium, l’iode, les vitamines D et K3.
Pesticides utilisés comme traitement des semences : fongicides, répulsifs pour oiseaux, anti-limaces, insecticides, acaricides.
Anticoagulants contenus dans les appâts pour les rongeurs, ils peuvent être consommés accidentellement par le cheval. La dose n'est en général néanmoins pas suffisante pour tuer un cheval.
Métaux lourds : l’ingestion de plomb par léchage de peinture en contenant ou par consommation de fourrage contaminé expose le cheval au saturnisme. Le cadmium est également très toxique.
Herbicides (glycophosphate) : entraînent parfois des coliques mais restent rares et souvent bénignes.
Créosote : traitement du bois présent notamment sur les traverses de chemin de fer et les clôtures en bois. Il présente des risques d’intoxication à l’arsenic en cas de léchage.
Source: IFCE
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